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Dans un premier temps, il n’existe pas de science exacte pour recadrer une photo. Il existe certes des astuces qui peuvent nous aider, nous aiguiller, dans notre cadrage. Mais cadrer et recadrer une photo se fait essentiellement au feeling. Le photographe ressent quelque chose sur le moment, ce qu’on appelle « avoir un œil » en photo. Et ce dernier s’éduque avec le temps, enfin surtout avec l’expérience. Le professionnel met le doigt sur un cadrage bien précis pour mettre en valeur le modèle, une émotion, un message.
En revanche, quand on débute en photo, on ne possède pas encore cet œil. C’est pour cela que l’on retrouve certaines astuces, données par les grands photographes pour nous orienter vers un cadrage performant. Il faut adapter le cadrage à ce qu’on souhaite mettre en avant dans notre photo, ce qu’on souhaite montrer/ exposer. En respectant ces astuces, ces solutions ou encore ces règles, on va pouvoir éviter certaines erreurs et diriger le regard du lecteur. Faut-il toujours suivre les règles ? Peut-on les adapter ? Mais, comment se démarquer du lot en reproduisant la même chose que les autres ?
Nombreux sont ceux qui pensent qu’avec le numérique, il n’est pas important de réellement définir son cadrage. Parce-qu’il est toujours possible de le faire en post-production. En post-prod, on privilégie plus un recadrage minime, histoire de chipoter. Comme redresser l’image pour que la ligne d’horizon soit droite, ajuster la distorsion, etc. Mais en rien, on refait un cadrage totale. Tout simplement car la définition n’est pas la même, on perd en netteté en détails et en textures.
Il convient de supprimer tout ce qui n’est pas intéressant. On enlève du cadre, tout ce qui est inutile. On élimine le superflu de notre cadrage, ce qui manque d’intérêt, pour se focaliser sur notre ou nos sujets. Pour cela il suffit de zoomer avec son objectif, le mieux reste encore de se rapprocher. Une fois que notre sujet est dans le cadre, il est judicieux de se focaliser sur les perturbations. Des éléments peuvent perturber la lecture et le sens de notre photo. Cela peut être un oiseau en arrière plan, une bouteille au premier plan, un déchet dans le coin gauche ou encore une personne qui passe dans le champ. Ces éléments indésirables méritent d’être assombris ou floutés si ces derniers ne peuvent pas être retirés du champ.
En retouche photo, c’est absolument la même chose. On supprime tous les éléments indésirables, que l’on n’a pas pu supprimer lors de la capture, à l’aide d’outil spécialisés comme le tampon duplicateur, créer un masque, le flou gaussien. Masquer ou atténuer certains éléments de la composition permet aux lecteurs de se focaliser sur ce qui est vraiment intéressant. Et cela permet aussi de « cleaner » l’image, la photo parait propre !
Une photo possède une composition, si celle-ci est bien réalisée elle crée une dynamique, une sorte d’action dans votre scène. Elle comporte des sujets, comme des éléments naturels (nuages, arbres, fleurs), des objets (portefeuille, bouteille, vêtements) ou des personnes (enfant, couple, vieillard) qui créent une dynamique. Cependant nous figeons cette action, et c’est justement la disposition de ces sujets qui créent une action. On a l’impression qu’il est en train de se passer quelque chose.
L’œil humain ne reste pas figer sur un seul point, il se balade pour explorer les formes et les détails afin de définir ce qu’il est en train de regarder. Pour comprendre ce qu’il voit, il doit regarder/observer, pour ensuite analyser. Et l’œil a ses habitudes, des automatismes, sur lesquels il faut jouer pour guider l’œil du spectateur. Car le spectateur se laisse guider par ce que vous lui montrer, il n’y a plus qu’à jouer avec les éléments pour créer une composition intéressante, fluide et captivante.
Pour créer une composition vivante, il faut capturer l’action sur le moment. Il se passe quelque chose devant nos yeux, quelque chose se met en place. Parfois, il faut ajuster ce qui se passe pour apporter plus d’impact à la situation.
En photo, on a tous déjà entendu parler de la règle des tiers. Celle qui consiste à diviser en tiers son image (horizontalement et verticalement), et de placer ces sujets sur les intersections de ces lignes. Mais une fois que l’on en a fait cinquante, cent, deux cents en suivant cette même règle. Un sentiment de lassitude peut vite nous envahir et nous donner envie de faire autre chose.
On retrouve encore une fois l’envie de casser les règles, aller à l’encontre du mouvement. Au début, il est bien de suivre le groupe mais une fois que l’on commence à se sentir à l’aise. On a simplement plus envie de suivre tout le monde. Suivre les règles ne fonctionne par pour tout le monde, cela s’appelle la marginalité. Et ce sont généralement ceux qui ne font pas comme tous les autres qui se démarquent. Ils font preuve d’originalité…
Sur certains logiciels, comme Lightroom, on a la possibilité d’obtenir un ratio pour recadrer notre photo. Un ratio c’est une unité de mesure qui permet de définir une longueur sur une largeur. Le format 1:1, peut représenter 10 cm sur 10 cm, comme 150 cm sur 150 cm. On retrouve ce format sur la célèbre plateforme de partage photo, Instagram. C’est tout simplement un format carré.
Continuons avec nos fameux formats horizontaux pour vidéo. Nous connaissons le format 4:3 pour une définition standard d’une vidéo, le format dit « à l’ancienne« . Et on connaît depuis plusieurs années, le format 16:9 avec une définition HD (High Definition). Je pourrais continuer sur les formats de cartes postales, cartes de visites, timbres, etc. Notre œil est donc habitué à avoir un certain ratio pour visualiser ses formats préférés. Et chaque ratio convient plus ou moins bien à un certain type de support visuel. Le corps humain et le visage sont plus longs que larges, par conséquent un portrait fonctionne mieux avec un ratio 5/7 que 7/5. Tandis qu’un paysage fonctionne mieux avec un ratio 16:9 que 9:16.
Alexandre est directeur artistique, retoucheur photo et un grand fan de Photoshop.
Il est le fondateur du site La Retouche photo et de la chaîne Youtube La Retouche.